Festival de la Méditerranée, Point d’orgue d’un élan collectif
La place des palmiers à Ajaccio avait des airs de fête ce 1er juin avec ses bannières aux couleurs du festival, son village Méditerranée, ses ateliers et ses expositions. Et des centaines de visiteurs qui ont convergé vers la place.
« Cette première journée était dédiée principalement aux jeunes, en partenariat avec l’Académie de Corse », précise Géraldine Fink, organisatrice de ce festival porté par l’association Sauver la Méditerranée et le fonds HLD pour la Méditerranée.
Pour marquer les esprits sur l’enjeu de la préservation de la Méditerranée, le film de Frédéric Fougea, “Méditerranée, l’odyssée pour la vie“, est une belle entrée en matière. La salle était comble pour la projection de ce documentaire qui célèbre les beautés de la Méditerranée et sa fragilité. En lien avec le film, un dossier pédagogique avait été adressé aux élèves et à leur professeur de SVT. « Les élèves ont travaillé en amont, avant de venir voir le film et de rencontrer le réalisateur. L’après-midi et le lendemain, les élèves ont pu explorer différentes thématiques dans le cadre des ateliers du village Méditerranée (création en plastiques recyclés, soins aux tortues marines, observation des fonds par drone sous-marin, etc.) sans oublier la magnifique exposition de photos sous-marines de Pierre-Jean Beaux. »
Un esprit positif, créatif, entrepreneurial
Vendredi matin, place aux tables rondes animées par de nombreux intervenants, venus exposer leurs solutions face aux défis de la pollution. Tous les acteurs de la préservation de la Méditerranée étaient présents :Fondation de la mer, Pure Océan, MareVivu, Stareso, Pollustock, etc.
« La pollution en Méditerranée est désormais connue, souligne Jean-Bernard Lafonta, président du Groupe HLD. Notre but ici est de réunir des gens qui sont dans l’action, qui cherchent et proposent des solutions. Il faut que tout cet écosystème - mécènes, décideurs politiques, experts scientifiques, associations, entreprises, porteurs de projet et citoyens – interagisse et qu’au fil des rencontres émergent des solutions. » C’est cet esprit positif, créatif, entrepreneurial qui fait tout le sel du festival et qui attire ces intervenants de qualité. L’un d’entre eux, Jacques Rougerie, a révélé être en bonne voie de trouver un financement de son projet SeaOrbiter. Une annonce faite le 2 juin 2023, « alors qu’à la même date, 25 ans plus tôt, en 1998, je dessinais mon premier croquis du SeaOrbiter ».
Sauver la Méditerranée, c’est possible
« La Méditerranée, berceau de la civilisation, de la philosophie, des religions, de langues extraordinaires court un grand danger si on ne fait rien, rappelle Laurent Dominati, président de Sauver La Méditerranée. Nous avons le devoir de la sauver. Et c’est possible ! Car si on sait détruire, on sait aussi réparer. 80 % des déchets que l’on trouve en mer ne viennent pas de la mer mais de la terre par les fleuves. On a toutes les techniques possibles pour filtrer. »
Le soir, les festivaliers se sont retrouvés à la fête annuelle des pêcheurs - Pescadori in Festa - qui célébrait ses 60 ans. Le samedi, opération grand public de nettoyage de plage, avant de rejoindre le port pour l’événement du jour : le départ de la Blue Odyssey Corsica, conduite par François-Alexandre Bertrand, sur son Platypus. Cette expédition dont le retour est attendu le 24 juin entreprend une exploration du littoral corse sud visant notamment à produire un état des lieux de la qualité de l’eau sous la forme d’un BaroMed.
Fédérer toutes les initiatives
Quel bilan tirer de ces trois jours ? « Un bilan officiel sera réalisé le 22 juin avec les principaux acteurs du festival, précise Géraldine Fink. D’ores et déjà, on peut se féliciter d’une couverture médiatique importante dans les grands médias presse et TV et sur les réseaux sociaux. Ce qui nous a réjoui, c’est l’intérêt des jeunes pour ces actions, ainsi que de leurs professeurs. Ce sont les meilleurs ambassadeurs pour lutter contre la pollution par les plastiques. Le rectorat souhaite qu’on fasse plus, que l’on mette ce sujet au cœur des programmes et que les professeurs de littérature, par exemple, mettent la mer et la Méditerranée au cœur des lectures. » Un vœu qui fait écho au souhait du président de la République de faire de 2025 l’année de l’océan.
Marquant tout l’intérêt qu’il porte au festival, Jean-Bernard Lafonta était présent avec une importante délégation du groupe HLD : « L’ambition du fonds HLD pour la Méditerranée est de fédérer toutes les initiatives en faveur de la préservation du milieu marin, toutes les personnes et les associations qui agissent en ce sens. Il s’agit de travailler ensemble, d’échanger nos meilleures pratiques. Seul le collectif peut faire avancer les choses, car c’est une problématique globale. Mais sans innovation, c’est impossible. Il faut chercher des projets et investir. Tous ne marcheront pas. Mais certains seront concluants et nous avons l’ambition de participer, à notre échelle, à ce mouvement de fonds. »